Son enfance
Né aux Héritières,
petit village
près de La Motte-en-Champsaur
dans le diocèse de Gap, le 21 août 1801,
il fut baptisé le même
jour, recevant le nom de
Jean-Hippolyte. Déjà dans son enfance,
il se
montra un enfant docile, intelligent, pieux, laborieux, exemplaire en
tout, et il se conserva ainsi dans sa jeunesse par une constante
action
personnelle.
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Professeur laïc
En 1822, il conquit auprès de l'Académie de Grenoble le
brevet d'enseignement dans les classes
élémentaires et, profondément convaincu de l'importance que revêt pour les
enfants une formation chrétienne saine
et diligente, il ouvrit une école dans la commune de La Motte.
Il
s'y révéla maure capable, entièrement
dédié à sa mission, et se mérita l'estime de ses concitoyens.
Ne
pouvant pas suivre les études en vue du
sacerdoce,
à cause de la pauvreté de sa famille, aspirant néanmoins
à une vie de perfection dans l'imitation du Christ, modèle suprême de sainteté, il mûrit la
résolution de se consacrer à Dieu dans un Institut laïc.
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Chez les Frères du Sacré-Coeur
Après avoir réfléchi, prié et demandé conseil,
le 27juin
1827, il faisait son entrée
dans la jeune
Congrégation des Frères du
Sacré-Cœur, fondée en 1821 par le prêtre
lyonnais, André Coindre. Ce prêtre zélé
voulait pourvoir à l'instruction chrétienne des enfants surtout
dans les campagnes et les petits centres.
Le 16 septembre 1827,
Hippolyte revêtait l'habit religieux et
prenait le nom nouveau de Frère Polycarpe. Après avoir terminé avec fruit les deux années de
son noviciat, il était admis à la profession perpétuelle, le 26
septembre 1829. Il s'acquitta louablement de l'office de maître des
novices.
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Directeur d'école
La révolution de 1830 ayant contraint l'Institut
à fermer le noviciat,
le
Frère Polycarpe fut nommé directeur de l'école de Vals,
près le
Puy-en-Velay.
C'est là que, durant 7 ans, non seulement il s'affirma comme maître et religieux modèle, mais parvint
aussi à organiser un groupe de novices qu'il forma lui-même avec un grand soin. En 1835, il fut élu deuxième
assistant de la Congrégation et, en 1840, premier assistant .
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Premier but
Rétablir la confiance et l'observance
• Lorsqu'il prit sur lui le
gouvernement de la Congrégation, celle-ci traversait un moment très
difficile. Elle souffrait à la fois d'une crise spirituelle et d'une gêne
financière. Avec douceur et sérénité mais aussi avec lucidité et décision,
il se préoccupa avant tout de fortifier la vie spirituelle des Frères,
d'intensifier la discipline et de rétablir la confiance mutuelle entre les
religieux et leur supérieur.
• Pour atteindre ces buts, il voulut avoir des
contacts directs avec chaque confrère ; il ne s'épargna pas la lourde
tâche de visiter toutes les maisons, afin de se rendre compte
personnellement de leur situation. Il ne manqua pas d'écrire de nombreuses
lettres circulaires et individuelles. Les confrères, qui l'aimaient
sincèrement, étaient gagnés par sa personnalité simple, linéaire, limpide,
immensément bienveillante et accueillante à tous, remplie
d'esprit surnaturel. Interprète sûr et digne de foi de l'esprit de sa
Congrégation, il surveilla avec une paternelle sollicitude la
formation des novices et eut la
consolation de voir se multiplier les membres de l'Institut au
point de pouvoir fonder chaque année de nouvelles maisons.
• Dans l'art de
gouverner, il sut s'entourer de collaborateurs compétents, loyaux et
généreux. Étant donné que la Congrégation n'avait pas encore de Règles
définitives, il pourvut, avec la sagesse qui le distinguait, à la
récolte et au choix du matériel documentaire déjà existant ainsi
que des expériences déjà faites. Il s'appliqua ensuite à la rédaction des
Statuts et des Règles, qui furent approuvés au Chapitre de 1846. Au même
Chapitre, malgré sa résistance, il fut élu à l'unanimité Supérieur général
à vie.
Deuxième but
Formation professionnelle et spirituelle des frères
•
Dans la seconde phase de son gouvernement, il donna la première place à la
formation spirituelle de ses religieux. toujours attentif à former des
éducateurs compétents ainsi que des témoins authentiques et des
dispensateurs dignes de foi des valeurs humaines et chrétiennes. Il
voulait qu'ils soient de véritables serviteurs de l'école et des enfants,
en même temps que des apôtres désireux de tendre de toutes leurs forces à
la perfection de la charité et à rendre gloire à Dieu.
• Il les voulait
zélés pour les choses qui touchent le
Père céleste et la croissance culturelle et religieuse des hommes, fidèles
à l'Église et à leur vocation spécifique, détachés d'eux-mêmes,
animés de l'esprit des béatitudes évangéliques, humbles, mortifiés,
pauvres, chastes, obéissants, libres des séductions du monde, aimant la
vie communautaire et la discipline religieuse. Il profitait de toutes les
occasions pour inculquer à ses confrères une pleine disponibilité à la
volonté de Dieu, la confiance dans la divine Providence, un généreux élan
missionnaire, un amour ardent et actif pour Notre Seigneur et son
Sacré-Cœur, pour l'Eucharistie, la Vierge Marie, la prière, le sacrifice,
les Règles, la pénitence, la charité fraternelle, le service réciproque et
autres vertus qui sont le fondement et l'âme de la vie consacrée.
• Il fit
de nombreuses visites aux maisons qu'il vit croître et se multiplier
d'une manière merveilleuse en France et aux États-Unis d'Amérique. Il
doubla le noviciat, il perfectionna ultérieure‑ment
la législation de l'Institut. Il vit à ce que les religieux fussent munis
des diplômes d'enseignement et, respectueux des charismes et des talents,
il favorisa la spécialisation de chacun dans sa discipline préférée.
• En
1851, après une intense et intelligente préparation, il obtint du
gouvernement français la reconnaissance juridique de sa Congrégation.
Tout cela contribua à faire gagner du prestige et de l'estime aux Frères
du Sacré-Coeur, dont plusieurs louaient les talents pédagogiques et la vie
religieuse, qui étaient le reflet des éminentes qualités du Serviteur de
Dieu. Celui-ci, cherchant à imiter son divin Maître venu au monde « non
pour être servi mais pour servir» (Mc 10, 45), avait su deviner les
besoins de la société dans laquelle il vivait et, avec ses confrères, il
avait donné aux contemporains l'exemple
d'une foi exercée et incarnée dans la concrète observance de la loi de
l'amour.
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Brève histoire
de sa
cause de béatification
Bien que le frère
Polycarpe ait joui durant sa vie,
à sa mort et après sa mort, d'une ample,
solide et continuelle renommée de sainteté dans les diverses parties du
monde, sa cause de béatification, pour des raisons intrinsèques, débuta
seulement en 1929,
avec la célébration du Procès
Ordinaire près la Curie épiscopale du Puy-en-Velay.
En 1940 et en 1965, parut un
double Décret d'approbation des Écrits du Serviteur de Dieu.
La Positio
super Introductions Causas et super virtutibus (1968), préparée
ex officio
par la Section Historique de l'ancienne Sacrée Congrégation des Rites, a
été soumise, avec succès, à l'examen des Consulteurs Historiques,
le 13
novembre 1968, après quoi, le 15 janvier de l'année sainte 1975, fut
promulgué le Décret d'Introduction de la Cause. La validité juridique du
Procès fut approuvée par Décret, le 26 novembre 1976.
Une fois complétée la Positio,
les Consulteurs Théologiens, au Congrès Spécial du 4 juillet 1983, et,
successivement, les Pères Cardinaux, dans la Congrégation Ordinaire du 24
janvier 1984, étant Rapporteur l'Em.me Cardinal Pierre-Paul Philippe,
reconnurent que le Frère Polycarpe Gondre pratiqua à un degré héroïque les
vertus théologales, cardinales, et toutes
les vertus qui leur sont
annexes.
Cité du Décret concernant le
Serviteur de Dieu,
Polycarpe Gondre, 17 février 1984, pp. 4 à 7. |